Les soldats britanniques engagés contre les talibans dans le sud du pays subissent des pertes sans précédent dans ce conflit
LORSQUE LA
PREMIERE bombe a explosé, les 30 «tommies» avançaient en file
indienne dans un passage étroit, prenant
garde de laisser au moins 5m entre eux pour
éviter les dommages collatéraux en cas
de déflagration. La compagnie C du 2e bataillon
britannique de chasseurs à pied
(2 Rifles) avait quitté la base opérationnelle de Wishton, dans le district de
Sangin, peu après minuit vendredi, et devait retrouver un
détachement de l’Armée nationale afghane (ANA) à
l’aube. En quelques instants, deux autres IED (Improvised explosive devices,
ces mines artisanales dont les insurgés ont truffé la région) surprennent les
soldats, faisant 1 mort et 7 blessés, dont
l’un décédera à son arrivée à l’hôpital
de Camp Bastion. Quarante minutes plus
tard, alors qu’une équipe de secours arrivée
de Wishton s’affaire à extraire les victimes, une nouvelle
bombe explose: encore 3 morts parmi les
soldats du 2 Rifles censés être rapatriés, et
3 blessés, dont 2 au sein des renforts. C’est
un carnage. Tout le monde est évacué en catastrophe à bord de deux
hélicoptères, un britannique et un américain venu à la rescousse.
Quinze Britanniques tués en dix jours
Officiellement,
l’offensive menée par l’armée britannique
depuis le 23juin dans le Sud afghan est
baptisée «Griffe de panthère», Panchai Palang en dari,la langue
dominante en Afghanistan. Entre eux, les
soldats anglais l’appellent «l’opération
mort certaine». Depuis le 1er juillet,
15 d’entre eux ont été tués dans l’enfer du
Helmand, cette province désertique du sud
de l’Afghanistan. Jusqu’à présent, aucune opération de l’Otan n’a été victorieuse
dans ce bastion taliban. Et dans chaque
patrouille qui prend place à bord des
lourds hélicoptères Chinook au petit matin,
sous un soleil déjà écrasant, les hommes
savent qu’ils vont risquer leur vie
à chaque instant. Ceux du 2 Rifles ont payé
un lourd tribut. Les 5 soldats tués ce vendredi
portent le total de leurs pertes à 10
hommes en trois mois. Ces derniers jours, l’opération Panchai Palangtourne à
l’hécatombe. Jeudi, 3 soldats de la British
Army sont tombés près de Lashkargah de
victimes possible au sein des forces de la
coalition. Ils les placent également sur les
portes ou dans les murs des habitations en pisé, à l’approche des patrouilles.
«Au passage, cela leur permet de ralentir
notre rythme en opération», précise le lieutenant-colonel
Robert Thomson, responsable du 2e bataillon de chasseurs à
pied pour le district de Sangin. Vendredi
soir, un hommage funèbre a été
organisé à Camp Jackson, la base où sont
stationnés 400 soldats du 2e bataillon.
Tandis que les hommes au garde-à-vous observaient
une minute de silence à la mémoire des
disparus, l’un d’eux a été pris d’un malaise.
La température est de 48°C en moyenne, en cette
saison, dans le désert du Helmand. Le
lieutenant-colonel Thomson a conclu la
cérémonie en criant à ses hommes: «Nous gardons le cap! ».
Puis le son du cor de chasse, qui traditionnellement marque le
départ au combat dans l’armée britannique, a résonné
dans toute la vallée de Sangin. (Le JDD, 12 juillet 2009)
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